Page créée avec « === Journal === ==== aspect du pays ==== »
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+ | === Journal - bourka abba, 22 juin 1843 === | ||
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+ | Dans le livre précédent j'ai mené mon journal jusqu'à asⱥndabo nom de terre et dont la | ||
+ | terminaison au moins est Södama. J'y vécu fort mal étant gêné par le manque de lait et par mon | ||
+ | aversion pour le pain noir. nous partîmes enfin le 30 mai jour auquel Bⱥgo Sow partit pour Gondⱥr. | ||
+ | n'ayant rien à faire, n'osant tirer un instrument et ne voulant pas rester à mule où je serais remarqué | ||
+ | par les Galla j'allai à pied comptant mes pas et les enregistrant par la mnémotechnie. Au depart il | ||
+ | y avait une 60.e de G. armés de lances et presque tous a pied. au bout de mille pas ils donnèrent des coups de | ||
+ | <u>Djinfo</u> & lance à nos anes et les arrêtèrent. Il y eut alors une conférence d'un 1/2 1/4 d'heure et l'on continua | ||
+ | au bout de 500 pas un seul G. entreprit d'arreter les anes mais on les frappait tant par derrière qu'ils | ||
+ | poussèrent en avant. nous allions aussi vite que nos bêtes pouvaient courir mais dans nos 18600 pas on | ||
+ | nous fit faire halte quinze fois. une de ces haltes dura près de deux heures, la discussion entre les Galla | ||
+ | devint orageuse on se bouscula et nagⱥd ras Getou qui avait son bouclier passé au bras eut bien | ||
+ | de la peine à separer le Ras Ouméo et un petit homme presque nu qui vociferait comme un demon. | ||
+ | un Européen neuf dans cette scène de confusion aurait tiré le sabre plus d'une fois. Course, halte | ||
+ | et discussion, c'était toujours à recommencer. | ||
− | ==== aspect du pays ==== | + | J'oubliais de dire qu'en entrant dans le Goudrou chaque marchand prend un <u>gofta</u> (maitre ou |
+ | protecteur) absolument comme l'abban des Szomal ou le hadar de Mouszⱥwwa' car dans un pays | ||
+ | sans roi chaque homme d'une tribu à le droit de protéger ses cliens. pour signe d'investiture le gofta | ||
+ | donne une bête à son client qui l'égorge. mon gofta est Ras oumeo Abba boso qui a la gorge | ||
+ | remplie de la vérole et est un voleur insigne. | ||
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+ | Enfin nous arrivames à anafo et je fus bien content de me reposer des ennuis de la caravane | ||
+ | chez le Choumi möťa. Ses huttes sans enclos et disposées sans ordre l'une près de l'autre sont sur une légère | ||
+ | elevation sur la rive gauche d'une sorte de <u>chⱥt</u> qui va à 3 milles de là quitter le rivage du Daga pour | ||
+ | entrer dans la profonde vallée de l'Agoul. Il y a du <u>fine timber</u> sur son terrain et tous les champs | ||
+ | sont comme les maisons sans cloture aucune. chez C. meťa j'appris tout le contenu des pages 368, 392 | ||
+ | 393 et 394 et je fus bien content de m'y soustraire à tous les ennuis de la caravane. | ||
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+ | C. meťa à un seul fils et son neveu dont il a épousé la mère Sore demeure avec lui. Il a quatre femmes | ||
+ | et comme je le lui dis cela s'oppose à ce qu'il ait une nombreuse famille. Beaucoup de gens du | ||
+ | Goudrou se plaignaient à moi de n'avoir pas d'enfans. C. meŤa disait mea culpa la dessus | ||
+ | et me confessa même ses regrets d'avoir dans sa jeunesse débauché une jeune vierge pendant | ||
+ | qu'elle dormait avec sa mère. on voit qu'il ne faut pas louer ce que J.J. Rousseau appelle | ||
+ | une société voisine de l'état de nature. | ||
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+ | tsayitou vieille femme du pays Amara m'intéressa beaucoup chez C. meŤa. Elle se dit | ||
+ | parente du Fit Aurari Immer, suivit l'armée, prit le typhus du kwⱥlla dans horro et dit à son | ||
+ | cousin quand elle ne pouvait plus se tenir sur sa mule, de ne pas se perdre pour elle. Peu après | ||
+ | elle fut entourée d'oromo qui se disputaient sa possession. Elle voulait se conserver chrétienne | ||
+ | et prit le petit doigt d'une prȇtresse parce qu'elle n'avait pas de mari. mais tout le monde | ||
+ | était le mari de cette k'allité et la malheureuse tsayitou pleurait du matin au soir sur son | ||
+ | toumbo de bled noir. Cependant ses parens s'agitaient dans le Gojam et un messager du D. | ||
+ | Gwochou vint à cet effet chez C. meŤa qu'on dit fils naturel de D. Zawde père du D. Gwochou | ||
+ | et dont le visage à certainement un air de famille. Choumi alla l'acheter à la pretresse, mais | ||
+ | au lieu de la rendre il s'attacha à elle mais n'eut pas d'enfans. onze ans après le fils de tsayitou | ||
+ | jeune Game vint la chercher et resta plusieurs jours sans pouvoir la rencontrer. Choumi s'y | ||
+ | était expressement opposé. Enfin sur les instances de Sore femme du défunt garba meťa | ||
+ | choumi permit que le jeune game entra chez lui à condition qu'il reconnaitrait sa mère et | ||
+ | rassembla à cet effet plusieurs femmes. tsahayitou était assise au milieu d'elles sur le <u>goulanta</u> | ||
+ | Le jeune game entra, regarda à droite et à gauche puis reconnaissant sa mère, se jeta à ses | ||
+ | pieds. Tsahayitou se trouva mal, tomba sur lui et ne reprit ses sens que pour tomber en défaillance | ||
+ | une 2.e fois. un game Abyssin n'a d'autres biens que sa jeunesse et son insouciance de l'avenir. | ||
+ | comment faire pour ravoir sa mère? Le game entreprit de gagner le cœur de Choumi qui avait | ||
+ | pour lui une grande aversion. Il portait son bouclier, baisait ses pieds après les avoir lavés, | ||
+ | courait chercher sa lance quand il allait sortir et le suivait partout comme son ombre. Il était | ||
+ | impossible qu'un homme riche comme Choumi, bien que Galla, ne fut touché de ce soin quand | ||
+ | d'ailleurs ses propres domestiques s'assient à ses cotes, ne se lèvent pas pour lui quand il entre et | ||
+ | l'appellent Choumi tout court. Les manières polies et devouées du game firent tant d'impression | ||
+ | sur le fils de meťa qu'il lui fit de belles offres pour l'engager à rester chez lui. "laissez moi partir | ||
+ | avec ma mère et deux cœurs Amara prieront le Ciel pour vous"— mais Choumi avait fait | ||
+ | jurer à tsahayitou avant de lui laisser voir son fils qu'elle ne dirait rien à son préjudice et | ||
+ | ne ferait aucune tentative pour sortir de chez lui. Au bout de six mois d'efforts inutiles le | ||
+ | game dit à sa mère qu'il devait sa lance et son bouclier à son seigneur Imer et non | ||
+ | à ce chien de Galla. Il y a auj. 5 ans qu'il repassa l'Abay après avoir dit adieu à sa mère. | ||
+ | Celle-ci m'a dit que le refus de Choumi fut la cause principale de sa rupture avec D. Gwochou | ||
+ | qui ne cherche qu'un moment de paix avec le Ras pour lever une contribution sur le Goudrou. | ||
+ | Choumi a trois autres chrétiennes esclaves chez lui. L'une d'elles a donné une fille à son fils | ||
+ | nögous. | ||
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+ | Enfin le ♄ 10 Juin nous partimes de chez Choumi meťa. comme il a du sang avec Loukkou | ||
+ | et que Ras ouméo le douanier est de Loukkou il ne put me reconduire lui-même mais me confia | ||
+ | à son ami Dibar. même sous la conduite de ce vieillard je ne pus aller sans m'arrêter. Il fallait | ||
+ | à chaque instant raconter que je venais de très-loin, que je vivais de lait, n'avais pas de femme | ||
+ | etc. Le cheval de Dibar était sans bride et aller au trot. nous vimes sous un arbre un grand | ||
+ | nombre d'oromo qui venaient d'égorger une bête pour guérir cette maladie singulière | ||
+ | appelée tögre tⱥr qui a été la 1.ère fois décrite par Pearce. tous avaient mis du sang de la | ||
+ | victime sur leurs sourcils, et leurs fronts : un petit nombre avait étendu cette peinture sur leur | ||
+ | nez ce qui donne un air étrange à la physionomie. Kobbo est une belle plaine où s'assemble | ||
+ | les 7 bⱥlbⱥla (portes. c.a.d clans) de Goudrou. près de son rebord oriental sont 5 à 6 très | ||
+ | gros arbres qu'on regarde comme sacrés. Ceux qui en coupent une branche paient une très | ||
+ | grosse amende mais ils ne sont pas disposés en cercle et ne paraissent pas avoir appartenu | ||
+ | à une église Södama ainsi qu'Ibsa me l'avait dit pour le horro. Le dⱥnnⱥba est à un | ||
+ | mille env. au Nord. | ||
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+ | ==== aspect du pays ==== | ||
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+ | Tout le pays depuis Asⱥndabo jusqu'aux contreforts du toullou Amara consiste en | ||
+ | une plaine brisée composée de très-basses collines disposées circulairement comme un réseau | ||
+ | dont les mailles sont des prairies où s'assemblent les eaux de pluie. Les champs et maisons | ||
+ | sont sur les hauteurs et les bêtes paissent dans le creux. Si la prairie est profonde, les joncs y | ||
+ | abondent. les eaux deviennent-elles plus abondantes, elles s'étendent en nappes et forment | ||
+ | des fondrières où les vaches même n'entrent pas comme sur la rive gauche du dⱥnnⱥba et | ||
+ | près Bourka abbo où je vis une pirogue ce qui prouve que ces fondrières deviennent des lacs | ||
+ | pendant les pluies. A l'époque où je passai il y avait très-peu d'oiseaux aquatiques mais cet | ||
+ | aspect du pays me rappelle ce qu'Alvares dit du chⱥwa. | ||
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+ | Le surlendemain de mon arrivée au dⱥnnⱥba les guerriers de nounnou Djomma | ||
+ | firent une incursion. L'un des principaux fut tué d'un coup de lance pendant qu'il mettait le | ||
+ | feu à une maison. Ceci donna du courage à Goudrou : on s'assembla et ou revint avec 70 vaches | ||
+ | enlevées par surprise et sans coup férir. Ceci eut lieu le 13 juin. Le 15 un musulman arriva de nounnou | ||
+ | et nous apprit qu'après délibération ou avait résolu une forte incursion dans Goudrou qui résolut de | ||
+ | se tenir pret le lendemain mais deux heures après on entendit le ho, ho, ho qui est le cri d'alarme | ||
+ | des colonnes de fumée des maisons incendiées marquaient la course de Djimmou. Ces huttes très | ||
+ | sèches et couvertes en paille brulaient si vite qu'en moins de dix minutes elles n'emmettaient plus de fumées | ||
+ | [illisible] de Goudrou allaient chercher les chevaux dans la prairie, les ramenaient à [illisible] |