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23 juin. En route pour St. Jean-du-Doigt. A notre gauche l'entrée de la Rivière, devant nous un marabout étrange, construit sur une tossen par un ancien officier d'Algérie, la pente à peine visible du Dourdû, et, sur la hauteur opposée, quelques maisons blanches qui sont le bourg de Plouezoc'h. - Au sortir de Kercélina, nous avons pris la route de Ploujean, un peu en aval du bourg. - Des chênes, des noisetiers ombragent un des talus, des ajoncs défleuris hérissent l'autre. - Puis, à gauche une rangée de vieux ormes aux racines à fleur d'air, et nous gagnons la route de Morlaix à Plougasnou. - Les gousses grises des ajoncs sont déjà près d'éclater. - Il fait clair soleil dans un ciel vivant avec des nuages de formes variées, des teintes gris-blanc, dorment, paisibles. A peine un rare souffle agite les fougères des talus et fait trembler les grelots légers des avoines.
Je cause avec Claude, le cocher du Cloarec. Il est de Plouvorn, la tête du vrai Léonard, égayé cependant par les séjours en Trégorrois. Il s'étonne de mon breton, quand je lui dis que je suis Trégorrois. Je lui réponds que je connais tous les bretons.
C'est donc, me dit-il, que vous possédez toutes les langues.
Nous laissons sur notre gauche l'amorce de la route de Chuchiniou. Nous longeons les peupliers et les hêtres de la propriété de Croaz-Squérou. Puis une descente après un débit, toujours dans un pays vert, bordé de noisetiers et de genêts en fleurs. Au fond du vallon, des prés fleuris de lychnis. Quelques chaumes parmi des pommiers, leurs portes à plein cintre et leurs fenêtres menues badigeonnées d'un galon de chaux d'un blanc éclatant, leurs toits de chaume hérissés des quenouilles vert-pâle des ombilics.
Nous arrivons après des tours et des détours à la route de Morlaix, juste en face d'une croix de granit fruste, plantée dans le fossé et signalant quelque accident arrivé là. A quelque cent mètres, voici le tas d'ajoncs