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Tout le long de la route, on a fait reblanchir les maisons à l'occasion du pardon. Par la claire- voie des chars à bancs des pèlerins, on voit pendre les herbes et les bottes de fourrage qu'ils emportent pour les chevaux.

Une croix encore, un carrefour. Nous tournons à droite vers St. Jean. - Plougasnou, sur la hauteur à gauche, dresse son haut clocher. On voit la mer, des roches au large : et les mendiants commencent à apparaître, exhibant leurs plaies. Nous voici déjà dans la descente abrupte, le clocher de St. Jean pointe du fond du vallon. A gauche, dans la côte, une vieille croix de granit monolithe à demi enlisée dans une cressonnière. Puis, à droite, un calvaire quasi neuf dont on a entouré le fût d'une guirlande de feuilles de chêne fleurie de dahlias et de roses. Dans le vallon, d'un vert exquis, ou plutôt de mille verts, on sent une fine odeur de mousse mêlée à l'arôme salin de la mer.

En arrivant à Saint-Jean, les chevaux logés, je vais visiter l'église. Cela a un aspect de petite foire gaie tout à l'entour. Des charrettes sont renversées dans l'herbe des prés, des petites boutiques sont rangées le long de la ruelle : dans les petits prés, en contre-bas de la route, des chaudrons bouillent sur de petits feux en plein air, surveillés par des femmes, de ces nomades bretonnes que l'on rencontre à tous les grands pardons. Là-dedans cuisent des cuisines diverses, des ragoûts, des saucisses. Des Morlaisiennes vendent des fruits, des bonbons, et voici des affiquets d'une autre sorte qui font leur apparition, des articles de cotillon, des choses civilisées, de couleurs voyantes et enrubannées. Je franchis le beau porche du cimetière. Des groupes de femmes sont là, se reposant des longues routes, parmi l'herbe verte et drue des tombes. La fontaine dominée par la représentation du baptême du Christ met dans cet enclos sa fraîcheur d'eau vive qui s'égoutte sans cesse et s'épand dans une auge fruste où les pèlerins trempent leurs doigts au passage